Chapeau

Il y a des gens pour qui ça sera d'avoir des allumettes enfoncées sous les ongles. D'autres, être enfermé dans une caisse avec des cafards -ou Lana Del Rey.Personnellement, une des pires tortures que je puisse imaginer, c'est essayer un chapeau.

De base, je ne suis pas fan d'aller faire les magasins de fringues : les vendeurs omniprésents ET antipathiques (ouais, ami provincial, ça s'passe comme ça à Paris), le choix, tellement de choix, je ne peux pas, choisir c'est renoncer, les autres clients qui me jettent des pierres parce qu'ils jalousent mon corps de rêve et ma taille mannequin... Et surtout, SURTOUT (tu as vu comme j'utilise la majuscule pour souligner l'idée ? C'est une figure de style que je viens d'inventer, je lui promets un bel avenir), on ne sait jamais QUI a enfilé les fringues que tu achètes, auparavant.

Autant j'arrive à faire abstraction des problèmes de peau tant qu'ils sont cachés par les vêtements (le psoriasis les bubons il pèle mais comment on peut transpirer autant), pour les chapeaux, c'est une autre histoire.

Toute la journée, les têtes des gens sont à hauteur d'yeux. Les cheveux gras. Les croûtes immondes sur les crânes des vieux -et moins vieux. Les gros boutons de la taille d'une balle de golf, probablement remplis de pus. Chacun de ces cas d'école dermatologique a pu porter le couvre-chef que tu veux me faire essayer. Merci mais non merci.

Le psoriasis, les pellicules ou les poux. Ils ont peut-être enfilé cette casquette avant vous.

J'ai des amis (LOL) dont la passion est d'essayer des chapeaux. À chaque fois que je les vois faire, je me vomis un peu dans la bouche. Pour ne pas être vu comme une petite nature ou un maboule (je suis plein de self-esteem -RELOL) je ne dis rien, et je le ravale (la blanquette de veau, quand arrive son 3ème passage, tu as juste envie de mourir) pour pouvoir dire que ça te va bien, oui vraiment, allez on s'en va ?

Parfois, les gens insistent pour que j'essaye. J'ai perdu quelques connaissances, comme ça, on retrouvera peut-être les corps en draguant la Seine (bonjour, Seine, c'est à vous ces beaux yeux-là ?) ou si le niveau baisse suffisamment.

Mais je sais qu'un jour, les hommes en noir me rattraperont, et ils me feront essayer des panamas. Alors, je n'aurai pas le choix, et je leur dirai où vous vous cachez. Tous.