22 v'là Julie !

On savait tous que Véronique Genest, LA madame Lescaut, monument français au même titre que Régine, la baguette ou les fromages déments, n'était pas vraiment actrice.Un jour, elle s'est retrouvée ménopausée, et a gonflé de plein de kilos. Grâce à la coprophagie ou je ne sais quel régime miracle, elle a retrouvé sa silhouette sylphide, qui faisait, depuis toutes ces années, rêver la ménagère et bander le ménager.

C'est à ce moment que Véro s'est rendu compte que peut-être, elle n'était pas faite pour jouer la comédie -elle aurait pu se renseigner, on lui aurait dit nous-même, ce gain de temps je te raconte pas. Toute pleine de son expérience ménopausique, et des belles histoires que cela implique, elle s'est alors lancée, à corps perdu (d'avance), dans la littérature.

Raconter sa perte de poids, un exercice stylistique difficile, auquel s'est pliée ma'ame Madrange avec grâce et aisance. L'essai transformé, le succès au rendez-vous, la femme de lettres s'était révélée à elle-même, sinon au monde.

Dealer littéraire, il ne lui restait plus qu'à ferrer le poisson, une bonne fois pour toutes. Et pour prouver ton talent, quand tu n'as rien à dire (son compte Twitter nous le confirme tous les jours), qu'est-ce que tu fais ? Tu écris ton autobiographie, en la centrant sur LE rôle de ta vie : maman Julie Lescaut.

Je ne suis pas du genre à critiquer sans connaître. Véronique Genest, c'est comme les endives : tu peux pas dire que tu n'aimes pas sans avoir essayé. C'est ce qu'a dû se dire son éditeur, Michel Lafon, en nous en offrant une présentation, accompagnée d'un extrait gratuit ici-même.

Tout y est fabuleux. Dès la page d'accueil, Véronique nous promet une histoire quand même moins chiante que Les Confessions :

"Je vous emmène avec moi sur cette folle journée de tournage qui a duré 22 ans. Attachez vos ceintures, ça risque de bouger. Allez, en voiture Simone !" Allez. En. Voiture. Simone.

Tu sens qu'il v a y avoir du niveau.

Ouvrant sur une citation de Flaubert, elle nous promet un grand moment littéraire.

Dans l'extrait proposé, Véronique lève pudiquement un bout de rideau sur ses jeunes années : son enfance hyperactive, durant laquelle ses professeurs souhaitaient lui prescrire des vermifuges (à cette époque, on pensait certainement que les enfants étaient intenables à cause d'un parasite intestinal).

On arrive très vite à son besoin viscéral de jouer la comédie. La petite Véronique sait qu'elle doit être sur les planches. Elle est prête à accepter les tâches les plus ingrates : "ne vous gênez pas, je suis multipass !". Notons la dyslexie référence pop-culture au Cinquième Élément.

Le meilleur passage est celui avec lequel le livre est arrivé sur mon radar : "Nous déjeunons de Vache qui rit et de vache enragée en compagnie de la Walkyrie."

Le zeugma. La rime. L'image. Une force stylistique digne de Victor Hugo.

Mais je ne veux pas vous gâcher tout le livre, ça serait cruel.

Pour les plus courageux l'extrait est assez long, mais meilleur qu'un article sur "ta rupture réussie" dans Teen Mag.

Et le 25 mai, c'est la fête des mères, alors, si vous ne saviez pas quoi offrir à votre chère maman, en attendant le livre de Damidot...